TĂ©lĂ©charger l'article TĂ©lĂ©charger l'article Adresser une lettre Ă un prĂȘtre de l'Ăglise catholique peut ĂȘtre compliquĂ©, mais il importe de suivre la bonne procĂ©dure si vous avez envie de paraitre respectueux. Toutefois, ne vous inquiĂ©tez pas. Tout ce que vous avez Ă faire, c'est de savoir le rang du prĂȘtre afin de pouvoir envoyer la correspondance Ă juste titre. 1 Adressez une lettre Ă un prĂȘtre sĂ©culier. Sur l'enveloppe, Ă©crivez Le RĂ©vĂ©rend PĂšre son premier prĂ©nom, l'initiale de son second prĂ©nom et son nom de famille » ou Le RĂ©vĂ©rend son premier prĂ©nom, l'initiale du second prĂ©nom et son nom de famille. » Toutefois, n'oubliez pas de mettre l'article Le ». Vous pouvez par exemple Ă©crire Le RĂ©vĂ©rend PĂšre Jean, M. Auguste. » La formule de salutation doit ĂȘtre Cher PĂšre. Vous pourriez aussi vous adresser Ă un prĂȘtre en utilisant la formule M. le curĂ© pour faire montre d'un peu plus de politesse. S'il s'agit d'une lettre officielle, Ă©crivez Le RĂ©vĂ©rend PĂšre [nom de famille] ou Cher RĂ©vĂ©rend PĂšre en guise de formule de salutation [1] . Si vous ĂȘtes un proche du prĂȘtre, vous pourriez Ă©crire Cher PĂšre [nom de famille] ou Cher PĂšre [2] . Terminez la lettre par Veuillez agrĂ©er, cher PĂšre, mes salutations les plus respectueuses en Christ. AprĂšs cela, mettez votre nom complet en bas de cette formule [3] . 2 Adressez une lettre Ă un prĂȘtre d'un ordre religieux. Au verso de l'enveloppe, Ă©crivez CurĂ© [premier prĂ©nom, l'initiale du second prĂ©nom et le nom de famille] suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient. La principale diffĂ©rence qu'il y a ici consiste Ă ajouter les initiaux de l'ordre religieux comme dans Le RĂ©vĂ©rend [nom de famille], CAP ou Le RĂ©vĂ©rend PĂšre [nom de famille], CAP. Par exemple, Ă©crivez Le RĂ©vĂ©rend PĂšre LĂ©o F. Mackenzie, Dans cet exemple, l'abrĂ©viation dĂ©signe l'ordre religieux catholique Compagnie de JĂ©sus. Terminez la lettre par Veuillez agrĂ©er, cher PĂšre, mes salutations les plus respectueuses en Christ. AprĂšs cela, mettez votre nom complet en bas de cette formule. 1 Ăcrivez au Pape. Adressez correctement la lettre. Le Pape est la plus haute autoritĂ© religieuse de l'Ăglise catholique. Envoyez la lettre Ă Sa SaintetĂ© le pape François. Vous avez Ă©galement la possibilitĂ© de mentionner sur l'enveloppe Le Souverain pontife, Sa SaintetĂ© le pape François. La formule de salutation de la lettre doit ĂȘtre Votre SaintetĂ© ou TrĂšs Saint-PĂšre. Lorsque vous vous adressez verbalement au Pape, vous devriez dire Votre SaintetĂ©. Son adresse est la suivante Palais Apostolique. 00120, CitĂ© du Vatican. Terminez la lettre avec un bon mot de fin. Si vous ĂȘtes un fidĂšle catholique, clĂŽturez la correspondance avec cette formule J'ai l'honneur d'ĂȘtre, TrĂšs Saint-PĂšre, avec le plus profond respect, de Votre SaintetĂ©, le trĂšs humble et dĂ©vouĂ© serviteur. Si vous n'ĂȘtes pas catholique, il convient d'employer la formule de politesse consacrĂ©e pour clĂŽturer la lettre Tous mes bons vĆux accompagnent Votre SaintetĂ©, trĂšs respectueusement ou Je prie Votre SaintetĂ© de daigner agrĂ©er l'hommage de mon trĂšs profond respect suivie de votre nom. L'autre façon appropriĂ©e de terminer la lettre consiste Ă dire Veuillez agrĂ©er, Votre SaintetĂ©, mes salutations les plus respectueuses en Christ. 2 Adressez-vous Ă un cardinal. Mentionnez sur l'enveloppe de la missive Son Ăminence son nom de baptĂȘme le Cardinal son nom de famille. Employez la formule de salutation Votre Ăminence. Les cardinaux sont en deuxiĂšme position juste aprĂšs le Pape dans la hiĂ©rarchie catholique. Lorsque vous vous adressez verbalement Ă un cardinal, vous devez Ă©galement dire Votre Ăminence. Si vous ĂȘtes un fidĂšle catholique, terminez la lettre par cette formule J'implore trĂšs respectueusement les bĂ©nĂ©dictions de Votre Ăminence en Christ suivie de votre nom [4] . 3 Adressez-vous Ă un archevĂȘque. Mentionnez sur l'enveloppe Ă sa GrĂące Monseigneur l'archevĂȘque [son premier prĂ©nom, l'initiale de son second prĂ©nom et son nom de famille], suivi de la ville dans laquelle l'archevĂȘque est affectĂ©. La formule de salutation doit ĂȘtre Votre Excellence. Vous devriez Ă©galement l'appeler ainsi lorsque vous vous adressez Ă lui verbalement. Terminez la lettre par la formule J'implore trĂšs respectueusement les bĂ©nĂ©dictions de Votre Excellence en Christ ou Je vous prie d'agrĂ©er, Votre Excellence, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 4 Adressez-vous Ă un Ă©vĂȘque. Ăcrivez par exemple ceci sur l'enveloppe Son Excellence, le TrĂšs RĂ©vĂ©rend Philippe I. Barbarin, ĂvĂȘque de Lyon ou Son Excellence le TrĂšs RĂ©vĂ©rend Philippe I. Barbarin, ĂvĂȘque de Lyon. La formule de salutation doit ĂȘtre Votre Excellence. Terminez la lettre par cette phrase J'implore trĂšs respectueusement les bĂ©nĂ©dictions de Votre Excellence en Christ, suivi de votre nom. Une autre façon de clĂŽturer la missive est Je vous prie d'agrĂ©er, Votre Excellence, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 5 Adressez-vous Ă une religieuse ou Ă un moine. Pour vous adresser Ă un moine, Ă©crivez FrĂšre [son prĂ©nom, l'initial de son second prĂ©nom et son nom de famille], suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient. La formule de salutation doit ĂȘtre Cher FrĂšre [son nom de famille]. Terminez ensuite la lettre avec Veuillez agrĂ©er, FrĂšre [son nom de famille], mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivi de votre nom complet. Pour vous adresser Ă une religieuse, Ă©crivez sur l'enveloppe SĆur [son prĂ©nom, l'initial de son second prĂ©nom et son nom de famille]. Ensuite, terminez la lettre par Veuillez agrĂ©er, SĆur [son nom de famille], mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivi de votre nom complet. 6 Adressez-vous Ă un abbĂ©. Ăcrivez de cette façon pour vous adresser Ă un abbĂ© TrĂšs RĂ©vĂ©rend [son prĂ©nom et son nom de famille], suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient ainsi que le nom de ville oĂč il exerce son ministĂšre. La formule de salutation est TrĂšs RĂ©vĂ©rend AbbĂ©. Terminez la lettre par cette phrase Je vous prie d'agrĂ©er, TrĂšs RĂ©vĂ©rend AbbĂ©, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 1 Suivez le protocole de rĂ©daction habituel. S'il s'agit d'une lettre officielle, rĂ©digez-la sur du papier Ă entĂȘte. Vous avez la possibilitĂ© de crĂ©er votre propre entĂȘte en mettant votre nom ainsi que vos coordonnĂ©es au milieu de la feuille. N'indentez pas vos paragraphes et veillez Ă laisser une ligne supplĂ©mentaire entre ceux-ci. Vous pouvez Ă©galement disposer vos coordonnĂ©es et notre nom Ă la partie supĂ©rieure gauche de la lettre. Faites usage d'un joli papier et d'une enveloppe appropriĂ©e. Veillez Ă Ă©crire sur cette derniĂšre votre adresse et votre nom. 2 Utilisez un ton formel lorsque vous vous adressez Ă un prĂȘtre. Ce n'est pas convenable d'appeler un ecclĂ©siastique par son prĂ©nom, comme PĂšre Bob. Autrement, adressez-vous Ă lui en disant simplement Mon PĂšre ou PĂšre Smith [5] . Autrefois, vous pourriez appeler un prĂȘtre par Votre RĂ©vĂ©rence, mais vous pouvez toujours l'appeler ainsi si vous avez envie de paraitre plus classique et respectueux. Bien Ă©videmment, si un prĂȘtre vous dit de l'appeler PĂšre Bob, c'est son droit. Toutefois, cela est considĂ©rĂ© comme un manque de respect dans certaines communautĂ©s. 3 Adoptez les comportements appropriĂ©s Ă la vue des prĂȘtres. Vous devez vous lever lorsqu'un prĂȘtre rentre dans une salle et rester dans cette position jusqu'Ă ce qu'il vous dise de vous assoir. Si vous ĂȘtes un homme, vous devez retirer votre chapeau en prĂ©sence d'un prĂȘtre. Ensuite, embrassez sa main. Cela est censĂ© honorer le fait que les prĂȘtres se sont consacrĂ©s Ă l'Eucharistie. Faites montre de ce mĂȘme respect lorsque vous quittez la prĂ©sence d'un prĂȘtre. Conseils Lorsque vous voulez rĂ©diger une lettre Ă un prĂȘtre catholique, optez pour un papier blanc et une encre noire. La plupart des dictionnaires français disposent d'une section qui vous apprend Ă vous adresser aux prĂȘtres de diffĂ©rents rangs dans les Ă©glises Ă©piscopale et orthodoxe. Ă propos de ce wikiHow Cette page a Ă©tĂ© consultĂ©e 71 605 fois. Cet article vous a-t-il Ă©tĂ© utile ?MaisValmont, avant de mourir, confie les lettres de Mme de Merteuil Ă Danceny. Danceny, avant de quitter Paris pour Malte, a fait connaĂźtre ces lettres, en particulier la lettre 81, autobiographique, et celle qui relate le stratagĂšme de Mme de Merteuil pour perdre PrĂ©van. La PrĂ©sidente, en apprenant la mort de Valmont, meurt. CĂ©cile, Ă la nouvelle de la mort de Elles ont aimĂ© follement. Elles y ont cru, Ă la dĂ©raison. Puis un jour l'amour les a clouĂ©es sur place, abandonnĂ©es. Et elles n'ont plus trouvĂ© la force de vivre, ni la raison. La tentative de suicide, issue logique de l'amour fou ? DĂ©viation hyper-romantique rĂ©servĂ©e Ă des personnalitĂ©s borderline ? Pour certaines, la mort de l'amour coupe toute envie de vie. Comment peut-on en arriver Ă une tentative de suicide ? "Le dĂ©sir de mort n'est pas dĂ» au chagrin d'amour mais au dĂ©sespoir, souligne Maryse Vaillant 1. La rupture, c'est terrible, mais ça fait grandir. On fait un travail de deuil et on retrouve sa capacitĂ© Ă aimer. C'est le dĂ©sespoir qui met en arrĂȘt, qui pousse Ă vouloir mourir. Pour certaines, le/la partenaire qui s'en va emporte la vie avec lui/elle." La psychologue prĂ©cise "J'ai moi-mĂȘme vĂ©cu cette passion destructrice. J'ai voulu mourir par amour. C'est une folie, on sort du rationnel. Dans des circonstances analogues, la 'bonne santĂ©' aide Ă rĂ©flĂ©chir, Ă prendre du recul. LĂ on est dans la passion, au sens chrĂ©tien de 'souffrance', on se laisse surprendre par l'embrasement. On tombe dans la passion comme on tombe en tragĂ©die..." La fin tragique n'est pas forcĂ©ment le signe du grand amour Mais la "bonne santĂ©" existe-t-elle en amour ? "Ce qui est en jeu, en amour, c'est une chute, commente le psychanalyste Jean-Pierre Winter 2. Une chute dans l'autre on tombe en amour. "Je me fondais dans son monde", se remĂ©more Laurence, 43 ans. Or, le jour oĂč l'ĂȘtre aimĂ© s'en va, il part avec, et emporte dans la tombe. Cette part de nous qui est en lui." La plupart finisse par se relever. Alors qu'est-ce qui conduit certaines Ă ne plus rĂ©ussir Ă vivre ? "L'amour sert parfois de prĂ©texte. La mort l'ennui Ă©tait dĂ©jĂ lĂ . Le suicide chantage ou acte Ă©tait souvent programmĂ© avant la rencontre." La fin tragique n'est pas forcĂ©ment le signe du grand amour. Peut-ĂȘtre juste l'expression d'une fragilitĂ© soudain mise Ă vif. Trois survivantes nous racontent comment un jour la folie a pris le pas sur l'amour. Et comment elles sont revenues Ă la vie. Constance, 34 ans "Je ne voulais plus vivre" "Je suis tombĂ©e amoureuse de Jacques Ă 15 ans. Il Ă©tait ÂmariĂ©, avait un enfant et vivait dans une maison que j'apercevais depuis ma chambre. Pendant des mois j'ai rĂȘvĂ© du grand amour avec ce voisin inaccessible. Et finalement mon rĂȘve a Ă©tĂ© exaucĂ©. Pendant sept ans nous avons vĂ©cu une relation clandestine, avec ses dĂ©chirements, sĂ©parations tragiques et retrouvailles brĂ»lantes. Je vibrai, comme j'en avais rĂȘvĂ©, mais j'Ă©tais Ă©puisĂ©e. Ce qui me tenait debout, c'Ă©tait l'espoir qu'il quitte sa femme. MĂȘme s'il me rĂ©pĂ©tait qu'il ne divorcerait pas, je croyais que notre amour serait le plus fort. Lui me parlait de sa femme avec lassitude, moi je jubilais... Jusqu'au jour oĂč j'ai appris qu'elle Ă©tait enceinte d'un deuxiĂšme enfant. Je crois qu'il n'a pas mesurĂ© le mal qu'il m'avait fait. D'autant que j'avais toujours dit que je ne voulais pas d'enfant. J'ai sauvĂ© les apparences, mais j'ai eu lâimpression que tout mon monde s'Ă©croulait. Je suis allĂ©e travailler, Ă l'hĂŽpital oĂč j'Ă©tais aide-soignante, comme un zombie. C'est lĂ que j'ai commencĂ© Ă me documenter sur les mĂ©dicaments Ă prendre pour en finir. Il n'y avait plus d'espoir, plus d'avenir pour cette histoire ni pour moi. Jacques Ă©tait l'homme de ma vie, et donc, aussi, celui de ma mort. J'ai continuĂ© d'aimer Jacques en silence Je ne voulais plus vivre. Je voulais arrĂȘter de souffrir. Ce matin-lĂ , je suis allĂ©e en forĂȘt avec mon pĂšre. Tout me faisait mal cette nature pleine de vie m'Ă©tait insoutenable. Mon pĂšre a senti mon malaise, il a tentĂ© de me pousser Ă me confier. Mais j'ai tout gardĂ© pour moi. ArrivĂ©e chez moi, j'ai avalĂ© un cocktail a priori fatal. Puis je suis allĂ©e travailler - j'avais peur d'Ă©chouer en restant seule. Un collĂšgue, effrayĂ© par ma pĂąleur, m'a interrogĂ©e 'Qu'est-ce que tu as fait comme connerie?' J'ai avouĂ© et j'ai Ă©tĂ© prise en charge. On m'a dit que le cardiologue avait criĂ© 'Son cĆur a lĂąchĂ© !' Ăa me paraĂźt tout rĂ©sumer. A mon rĂ©veil, mon pĂšre a murmurĂ© 'Je vais le tuer, ce salopard !' Moi j'ai continuĂ© d'aimer Jacques en silence. Je suis partie vivre Ă Paris, j'ai commencĂ© une nouvelle vie, mais je suis persuadĂ©e que je n'aimerai jamais que lui." Laurence, 43 ans "Ma vie sans lui n'avait plus aucun sens" "C'est uniquement parce que j'ai des enfants que je ne suis pas vraiment passĂ©e Ă l'acte. Mais pendant trois mois je n'ai pas pu m'alimenter. Par amour ! Je ne pouvais rien avaler, Ă part des litres de cafĂ© au lait. Moi qui n'Ă©tais dĂ©jĂ pas grosse, j'ai perdu 11 kg en quelques semaines. Je ne dormais plus, je ne faisais que pleurer. J'Ă©tais maigre Ă faire peur. AprĂšs treize mois de passion, Michel avait choisi de retourner avec son ex. En me reprochant 'le fardeau' que j'avais reprĂ©sentĂ© pour lui. Il se plaignait d'avoir Ă©tĂ© un garde-Âmalade, aprĂšs m'avoir accompagnĂ©e lors du cancer de ma mĂšre. C'est lui qui avait tenu sa main juste avant sa mort. Elle lui avait dit 'Prenez soin d'elle, je vous la confie'... En me quittant, il envoyait valdinguer ses derniĂšres paroles. Pour lui, j'avais renoncĂ© Ă ma vie de famille un mari et quatre enfants. En fait, il m'hypnotisait, j'Ă©tais accro, je me fondais dans son monde, captivĂ©e par ses passions. Le jour oĂč il m'a annoncĂ© qu'il allait revoir son ex, avec qui il avait vĂ©cu vingt ans, j'ai eu un mauvais pressentiment. J'ai angoissĂ© toute la journĂ©e, je l'ai appelĂ© une dizaine de fois. Quand j'ai enfin entendu le ton de sa voix, Ă l'autre bout du fil, j'ai su que je ne m'Ă©tais pas trompĂ©e. Je me souviens de cette phrase 'Non, ça ne va pas.' J'ai senti comme un immense coup Ă l'estomac. Je lui ai demandĂ© de me dire la vĂ©ritĂ©. Il m'a dit que, oui, ils s'Ă©taient embrassĂ©s mais que ça n'avait pas d'importance, qu'il s'agissait d'un baiser platoniÂque. J'ai hurlĂ©, pleurĂ©, menacĂ©, et je lui ai raccrochĂ© au nez. Toutes les nuits, en m'endormant, j'avais l'espoir de ne plus me rĂ©veiller Le lendemain, quand j'ai vu son numĂ©ro s'afficher sur mon portable, un instant j'ai repris vie. Mais il m'a tout de suite annoncĂ© qu'il repartait vivre avec son ex. Moi je l'avais ÂentraĂźnĂ© dans une 'spirale mortifĂšre', il ne voulait plus Âjamais me Ârevoir ni m'entendre. J'Ă©tais face Ă un verdict de mort. Insoutenable. J'avais pu faire face Ă la mort de ma mĂšre, mais je n'avais pas la force de lutter contre celle-lĂ ... En quelques jours je me suis transformĂ©e en morte vivante. Je ne sortais plus, je n'avais plus de goĂ»t Ă rien. Sans antidĂ©presseurs je ne sais pas comment j'aurais survĂ©cu. Je ne supportais plus mes enfants, trop bruyants, trop vivants. Je ressentais un mĂ©lange de dĂ©sespoir, de colĂšre et, bien sĂ»r, de tristesse. Toutes les nuits, en m'endormant, j'avais l'espoir de ne plus me rĂ©veiller, j'avais la nausĂ©e en permanence. Je les imaginais ensemble elle heureuse, lui comblĂ©, riant, faisant l'amour... Une torture. J'ai vĂ©cu ce calvaire jusqu'au jour oĂč j'ai fait un malaise dans la rue. J'Ă©tais avec ma fille, elle a appelĂ© les pompiers. Et c'est lĂ qu'ils ont dĂ©couvert que j'avais un cancer du sein, alors qu'Ă ma derniĂšre mammographie, quatre mois auparavant, je n'avais rien. Ătrangement, je me suis soudain Âsentie libĂ©rĂ©e d'un poids Ă©norme. J'ai enfin dĂ©cidĂ© de prendre soin de moi. Curieusement, j'Ă©tais toujours aussi amoureuse de Michel, et je crois que cet amour m'a portĂ©e. Je l'aimais, mais je n'avais plus mal. La veille de l'intervention, j'ai cru dĂ©faillir en reconnaissant sa voix au tĂ©lĂ©phone. Le jour mĂȘme nous avons dĂ©jeunĂ© ensemble. J'Ă©tais trĂšs sereine. Je lui ai tout racontĂ©, simplement. Lui me buvait des yeux. Au fil du repas je me sentais guĂ©rir... Dans la rue, il m'a fait un 'baiser platonique'. J'Ă©tais la plus heureuse des femmes. DĂšs le lendemain il est venu me voir Ă l'hĂŽpital, aprĂšs l'opĂ©ration. Et Ă partir de lĂ il s'est occupĂ© de moi. Ensemble, on s'est battus, une seconde fois, contre la maladie. Finalement il m'a demandĂ©e en mariage. Nous ne nous sommes plus quittĂ©s depuis. C'Ă©tait il y a treize ans. Aujourd'hui, avec le recul, malgrĂ© tout mon amour, je n'arrive toujours pas Ă comprendre comment j'ai pu vouloir mourir pour lui. Je sais juste que ma vie sans lui n'avait plus aucun sens." Nadine, 39 ans "J'ai avalĂ© un cocktail de mĂ©dicaments" "Avec Philippe, ç'a Ă©tĂ© le coup de foudre. Je me souviens de son entrĂ©e dans la salle des profs une vĂ©ritable apparition ! Nous nous sommes souri immĂ©diatement et, trĂšs vite, sommes devenus complices. A l'Ă©poque j'Ă©touffais dans l'histoire que je vivais depuis plusieurs annĂ©es avec Didier, mon compagnon. Philippe, c'Ă©tait ma bouffĂ©e d'oxygĂšne. Il me faisait du bien, je respirais. J'adorais son univers, il faisait de la musique. Moi j'Ă©tais heureuse de lui faire dĂ©couvrir des auteurs, je glissais des livres dans son casier, ou des carrĂ©s de chocolat ! Un jour nous sommes restĂ©s pour une rĂ©union syndicale dont nous n'avions rien Ă faire. Puis j'ai acceptĂ© d'aller chez lui, officiellement pour Ă©couter ses derniĂšres compos. Nous avons passĂ© la soirĂ©e Ă nous embrasser, c'Ă©tait magique. Je lui ai parlĂ© de Didier, de notre couple, je lui ai dit que je n'Ă©tais pas libre mais que j'Ă©prouvais un dĂ©sir Ă©vident pour lui. Les jours qui ont suivi, ma vie a changĂ© de rythme, j'arrivais au lycĂ©e le cĆur battant, je revivais. Je me sentais parfois bien plus adolescente que mes Ă©lĂšves, surtout quand nous nous embrassions dans la salle des profs, au risque d'ĂȘtre pris en flagrant dĂ©lit par nos collĂšgues... Je crois que j'avais dĂ©jĂ arrĂȘtĂ© d'aimer Didier sans le savoir. Mais je ne pouvais pas le quitter. Philippe, j'avais besoin de me projeter avec lui, de faire mille choses Ă ses cĂŽtĂ©s. J'Ă©tais dĂ©jĂ dĂ©pendante. La veille des vacances, il m'a fait une dĂ©claration - sans me dire 'je t'aime', mais je l'ai interprĂ©tĂ©e ainsi. J'aime un homme qui ne m'aime pas Les jours qui ont suivi, j'ai profitĂ© de notre sĂ©paration forcĂ©e pour lui Ă©crire une lettre de quinze pages dans laquelle je lui hurlais mon amour. J'ai attendu deux semaines sa ÂrĂ©ponse. Il ne m'a donnĂ© aucun signe de vie. Au bout de ces quinze jours j'Ă©tais en loques. J'ai reconstituĂ© mentalement ce trimestre que nous avions passĂ© ensemble et, soudain, certains signes, que j'avais voulu mettre de cĂŽtĂ©, m'ont sautĂ© aux yeux. Le fait qu'il ne me prĂ©sente pas Ă ses amis, qu'il ne parle jamais de ses ex... Ce soir-lĂ je lui ai laissĂ© une trentaine de messages en le suppliant de me rappeler. Les premiers Ă©taient sobres, puis, au fil des heures, je ne me maĂźtrisais plus. Le silence peut jeter dans l'abĂźme. C'est aussi une sorte de rĂ©ponse. Soudain, la vĂ©ritĂ© m'a littĂ©ralement Ă©clatĂ© au visage cet homme ne m'aimait pas, et je n'aimais plus Didier. Une vie sans amour n'avait plus aucun sens. J'ai avalĂ© un cocktail de mĂ©dicaments, laissĂ© un mot Ă mes parents et Ă Didier, en leur disant que je les aimais mais que je n'en pouvais plus. Puis j'ai attendu d'arrĂȘter de souffrir. Quand le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©, j'ai repris espoir en priant pour que ce soit Philippe. J'ai titubĂ© jusqu'au combinĂ© et failli raccrocher en reconnaissant la voix de Didier. Je lui ai dit que j'allais mourir. Il est venu me sauver, avec le Samu. Au rĂ©veil, je lui ai dit simplement 'J'aime un homme qui ne m'aime pas'. Il m'a rĂ©pondu que j'aurais le droit de tomber amoureuse de tous les beaux garçons que je voulais, mais qu'il ne faudrait plus jamais que je tente de nouveau d'en vouloir Ă ma vie. Philippe ne m'a pas donnĂ© de nouvelles. C'est seulement lorsque je l'ai recroisĂ©, aprĂšs ma convalescence, au lycĂ©e, que j'ai rĂ©ussi Ă lui arracher la vĂ©ritĂ©, dans un interclasse. Il vivait une histoire avec une autre femme, qui avait une petite fille. En fait, je m'Ă©tais aveuglĂ©e. Je n'avais rien voulu voir. Nous n'avons pas vĂ©cu la mĂȘme histoire, parce que moi j'avais Âbesoin d'aimer, de tomber amoureuse pour respirer. Il m'a fallu des annĂ©es pour me remettre de cette histoire et apprendre Ă attendre autre chose de l'amour. Je vis enfin aujourd'hui une histoire sereine, dĂ©passionnĂ©e mais tendre qui dure Âdepuis un an et demi. Et j'en suis trĂšs heureuse." 1 Autrice de Il m'a tuĂ©e Ă©d. La MartiniĂšre et de Comment aiment les femmes Ă©d. Seuil. 2 Auteur d'une prĂ©face Ă L'amour fou Ă©d. Maren Sell.
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CetteĂ©criture fait la part belle Ă lâexpression de sentiments et dâĂ©motions trĂšs variĂ©s (exaltation, peur, colĂšre, incomprĂ©hension, fascination, rĂ©signation, souffrance), mise en valeur par de nombreux procĂ©dĂ©s dâĂ©criture (Ă©numĂ©rations, accumulations, anaphores, phrases exclamatives et interrogatives).
1Au-delĂ du titre provocateur, il y a un paradoxeĂ parler dâun droit de mourir. En effet, le problĂšme des sociĂ©tĂ©s depuis longtemps, et encore pour beaucoup dâhommes aujourdâhui, est le droit de vivre et la protection du droit Ă la vie [1]. Câest le premier droit garanti par les grands textes internationaux, comme la DĂ©claration universelle des droits de lâhomme de lâ de 1948, ou europĂ©ens, comme la Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de lâhomme de 1950, ou nationaux [2]. Peut-on donc parler dâun droit de mourir » comme le font de nombreux auteurs [3], relayĂ©s par la presse ? 2Trois raisons majeures semblent expliquer la revendication dâun tel nouveau droit. 3Lâinstitutionnalisation de la mort en France, en une gĂ©nĂ©ration, soit en 25 ans, le nombre des dĂ©cĂšs Ă lâhĂŽpital ou en institution est passĂ© de 30% Ă 70% des dĂ©cĂšs. Ainsi, le rapport sâest exactement inversĂ© entre le nombre des dĂ©cĂšs Ă domicile et celui des dĂ©cĂšs institutionnalisĂ©s. La mĂ©dicalisation et la technicisation de la mort. On peut dire â schĂ©matiquement â que la logique des soins, technicienne, efficace, performante, est contraire Ă la logique de la fin de la vie le patient est dĂ©possĂ©dĂ© de sa mort. En effet, quelle performance est possible devant la mortalitĂ© humaine ? Les nouvelles techniques mĂ©dicales, les progrĂšs de la mĂ©decine, permettent le maintien et la prolongation de la vie, mais la lutte contre la maladie et la mort indue, prĂ©maturĂ©e, peuvent devenir acharnement thĂ©rapeutique. Sans guĂ©rir la maladie, on peut prolonger pendant des semaines ou des mois une Ă©volution qui, laissĂ©e Ă son cours naturel, serait achevĂ©e en quelques jours, par le traitement des complications respiratoires, hĂ©matologiques, digestives, nutritionnelles ou trophiques. Mais ces techniques peuvent ĂȘtre inutiles ou insupportables. Il arrive donc que cette logique technicienne, performante tourne » pour elle-mĂȘme, privĂ©e de sens et de justification. La mort est alors occultĂ©e comme telle par deux formes symĂ©triques de nĂ©gation lâacharnement thĂ©rapeutique qui veut lâempĂȘcher, ou, dâun autre cĂŽtĂ©, lâeuthanasie active â par injection mortelle, par exemple â ou la proposition de suicide assistĂ© qui annulent le mourir. Sâajoute le mouvement des droits, la revendication de libertĂ© qui est un processus commun Ă toutes les dĂ©mocraties, marquĂ©es par lâindividualisme. ApparaĂźt ainsi, un nouveau droit ou plutĂŽt une nouvelle forme de la libertĂ© individuelle, le droit de mourir » ou le droit au suicide assistĂ© ou le droit Ă la mort digne », selon lâexpression qui apparaĂźt dans le projet de loi de Modernisation du systĂšme de santĂ©, ou projet de loi sur le Droit des malades, actuellement soumis au Parlement. 4Quâest-ce quâun droit de mourir ? Comment le penser ? 5Proposons deux remarques pour cadrer notre rĂ©flexion. La premiĂšre est que le droit de mourir se dĂ©cline sous forme de trois droits, en dĂ©bat un droit aux soins palliatifs cessation des soins curatifs, traitement de la douleur et de la souffrance du mourir, accompagnement de la personne ; un droit de refuser des traitements, de refuser la survie, de refuser la mĂ©dicalisation, la technicisation de la mort, un droit que lâon vous laisse mourir ; un droit au suicide assistĂ© ou Ă lâeuthanasie [4], droit dâĂȘtre aidĂ© pour se tuer ou droit dâĂȘtre tuĂ©, un droit que lâon vous fasse mourir. 6Ces trois droits sont revendiquĂ©s, par exemple, par lâAssociation pour le droit de mourir dans la dignitĂ©, ADMD, nĂ©e en 1980, suite Ă lâarticle de Michel Landa dans Le Monde prĂ©cisĂ©ment intitulĂ© La mort un droit». 7La seconde remarque est que la loi du 9 juin 1999 â votĂ©e Ă lâunanimitĂ© Ă lâAssemblĂ©e et au SĂ©nat â lĂ©galise deux de ces droits, les droits a et b. Autrement dit, le lĂ©gislateur, reprĂ©sentant de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale, reconnaĂźt le droit de mourir et il le dĂ©finit comme le droit aux soins palliatifs joint au droit de refuser des traitements. 8Nous allons donc centrer notre rĂ©flexion sur trois questions Quel est le lien entre a un droit à » des soins palliatifs et b un droit de » refuser des traitements ? Si a et b sont garantis, que faire de c? Le troisiĂšme droit ne serait-il pas plutĂŽt le droit Ă lâinformation sur sa mort ? DROIT AUX SOINS PALLIATIFS ET LIBERTE DE REFUS EVOLUTION PARALLĂLE DE LA RECONNAISSANCE DES SOINS PALLIATIFS ET DU REFUS DE TRAITEMENT9Les faits indiquent une apparition parallĂšle du droit aux soins palliatifs et du droit au refus de traitement. Les faits ne sont pas normatifs en eux-mĂȘmes mais ils rĂ©vĂšlent une concomitance instructive. 10Le premier droit [5] sâĂ©labore depuis les premiĂšres associations de bĂ©nĂ©voles comme JusquâĂ la mort accompagner la vie, JALMALV, créée en 1983, lâAssociation pour les soins palliatifs, lâASP, créée en 1984, la circulaire Laroque du 26 aoĂ»t 1986 sur la fin de vie [6] lĂ©gitimant les soins palliatifs, lâouverture en 1987 de la premiĂšre UnitĂ© de soins palliatifs, USP, Ă lâhĂŽpital de la CitĂ© Universitaire â vingt ans aprĂšs la Grande-Bretagne â la crĂ©ation en 1989 de la premiĂšre la premiĂšre Ă©quipe mobile de soins palliatifs Ă lâHĂŽtel-Dieu et la mĂȘme annĂ©e la crĂ©ation de la SociĂ©tĂ© française dâaccompagnement et de soins palliatifs, SFAP, la loi hospitaliĂšre du 31 juillet 1991 art L 711-4, la loi du 4 fĂ©vrier 1995 [7] qui introduit dans le Code de la santĂ© publique deux articles sur le traitement de la douleur suite au Rapport Neuwirth de 1994 [8]. En 1998,40 dĂ©partements nâont pas dâUSP; en avril 1998, M. Bernard Kouchner lance un plan triennal de dĂ©veloppement des soins palliatifs. Le 9 juin 1999 est votĂ©e, Ă lâunanimitĂ© des deux chambres, la loi visant Ă garantir le droit Ă lâaccĂšs aux soins palliatifs. 11ParallĂšlement, le consentement du patient â dĂ©jĂ prĂ©sent dans la dĂ©ontologie mĂ©dicale, mais souvent nĂ©gligĂ© â est fortement valorisĂ©. Il est introduit par la loi 94-653 du 29 juillet 1994, dite de bioĂ©thique, dans le Code civil I-1. Art. 16-3. Le droit au refus de traitement, qui en est la pierre de touche, apparaĂźt logiquement dans les textes professionnels normatifs qui feront suite Ă la loi, dans la Charte du patient hospitalisĂ© [9] de mai 1995 et dans le nouveau Code de dĂ©ontologie mĂ©dicale de 1995 [10]. La jurisprudence suivra. UNE COMPLĂMENTARITĂ FORTE12Les deux droits, droit aux soins palliatifs et droit au refus de traitement, sont Ă©noncĂ©s dans la mĂȘme loi sous le Titre 1er â Droits de la personne malade. Il sâagit du premier texte lĂ©gislatif sous ce titre. Pourquoi associer un droit Ă des soins et aussitĂŽt, conjointement, un droit de refuser des soins dans le mĂȘme article 1er ? Pourquoi ces droits â en apparence contradictoires â seraient-ils logiquement reliĂ©s ? 13Il nous semble quâil y a un lien trĂšs Ă©troit si lâon envisage ces deux droits comme les deux faces dâun mĂȘme droit de mourir. En effet, dans un univers mĂ©dicalisĂ©, efficace, performant, le droit de mourir est peut-ĂȘtre dâabord un droit Ă lâarrĂȘt de cette logique, Ă lâarrĂȘt de tout acharnement thĂ©rapeutique [11], Ă lâarrĂȘt du curatif, soit parce que les traitements entrepris deviendraient de lâobstination mĂ©dicale dĂ©raisonnable, soit parce que le patient les ressent comme un acharnement thĂ©rapeutique. 14Or, comment lâarrĂȘt de lâacharnement thĂ©rapeutique peut-il se faire dans le rĂ©el sans faire des soins palliatifs ? Comment un patient pourrait-il rĂ©ellement choisir dâarrĂȘter, ou que lâon arrĂȘte pour lui, le traitement curatif si câĂ©tait pour ĂȘtre abandonnĂ© Ă sa solitude, laissĂ© Ă la douleur et Ă la souffrance dâune longue fin de vie ou agonie, voire renvoyĂ© chez lui pour mourir ? Il faut nĂ©cessairement que soient assurĂ©s le traitement de la douleur, celui de la souffrance et des graves inconforts de la fin de vie, et un accompagnement, câest-Ă -dire des soins palliatifs. Le droit Ă lâarrĂȘt de lâacharnement thĂ©rapeutique et sa forme extrĂȘme â le droit de refuser des traitements â se doublent nĂ©cessairement du droit aux soins palliatifs. 15Il y a donc une complĂ©mentaritĂ© forte entre ces deux droits droit de refuser et droit aux soins palliatifs. En effet, le droit de refuser des traitements reste formel, abstrait, sans un droit aux soins palliatifs. Un droit nâest rĂ©el que si les personnes peuvent lâexercer, or, le droit aux soins palliatifs est, prĂ©cisĂ©ment, ce qui permet Ă certains patients â libĂ©rĂ©s de la crainte dâune fin de vie insupportable â de refuser rĂ©ellement des traitements. DROITS-LIBERTĂS ET DROITS-CRĂANCES16Lâanalyse politique montre bien que les libertĂ©s de faire » ne suffisent pas Ă assurer les droits des personnes sans les droits Ă quelque chose qui permet de faire ». Les droits-libertĂ©s, les droitsde, que lâon nomme aussi droits nĂ©gatifs, les droits du XVIIIe siĂšcle, sont lettre morte sans les droits-crĂ©ances, les droits-Ă , les droits positifs, les droits des XIXe et XXe siĂšcles. 17Des exemples simples le montrent. Il nây a de rĂ©elle libertĂ© dâaller et venir que sâil existe un rĂ©seau public de routes et chemins sans octroi. La libertĂ© de vote ou la libertĂ© de pensĂ©e restent vaines pour des analphabĂštes elles nâexistent rĂ©ellement que sâil y a un droit Ă lâinstruction publique, assurĂ©e par la collectivitĂ©. Les lois Jules Ferry », de 1880, sont la suite logique et nĂ©cessaire des textes de 1789 les libertĂ©s formelles deviennent alors rĂ©elles. 18Cette complĂ©mentaritĂ© est traduite dans le prĂ©ambule de la Constitution de 1958 double prĂ©ambule qui contient la DĂ©claration des droits de lâhomme et du citoyen de 1789 qui Ă©nonce les droitslibertĂ©s libertĂ© de culte, libertĂ© de parler, Ă©crire, imprimer » â et lâarticle 2 indique explicitement que la finalitĂ© du politique est la prĂ©servation des libertĂ©s â et, dâautre part, le PrĂ©ambule de la Constitution de 1946 qui Ă©nonce les droits-crĂ©ances droit Ă lâinstruction, Ă la formation professionnelle, Ă la cultureâŠ, droit Ă la protection de la santĂ©, Ă des moyens convenables dâexistence pour ceux qui ne peuvent pas travailler en raison de leur Ăąge, de la maladie ou du handicap, des circonstances Ă©conomiques. Lâon reconnaĂźt ici les ordonnances de 1945 instaurant la SĂ©curitĂ© Sociale pour socialiser les cinq grands risques de lâexistence qui privent de moyens dâexistence maladie, vieillesse, accident de travail, perte dâemploi, surcharge familiale, auxquels correspondent les cinq branches de lâAssurance Sociale maladie, retraite, accident de travail, chĂŽmage, allocations familiales. LâEtat pourvoit Ă des moyens dâexistence digne pour tout citoyen. 19Ainsi, apparaĂźt, nous semble-t-il, la logique profonde de cette association de deux droits si diffĂ©rents le droit de refuser des traitements et le droit Ă des traitements palliatifs. Ils constituent bien ensemble le bloc » dâun droit de mourir cohĂ©rent, tout aussi respectueux de la libertĂ© des individus que garant de la solidaritĂ© des citoyens. 20Ouvrons ici, sans nous y attarder, une piste de rĂ©flexion. Il nous semble que le droit au congĂ© dâaccompagnement dâun proche en soins palliatifs Ă domicile et le droit aux soins palliatifs Ă domicile â dĂ©finis par la loi du 9 juin 1999 â sont les droits-crĂ©ances correspondant Ă un droit-libertĂ© implicite Ă la loi le droit de choisir le lieu de sa mort, la libertĂ© de mourir Ă domicile. Ce qui correspond aux souhaits des Français; une majoritĂ© dâentre eux souhaitent, effectivement, mourir chez eux, 68% selon un sondage IFOP de 1991. QUE FAIRE DE C, LE DROIT DâĂTRE TUĂ OU AIDĂ POUR SE TUER ? 21Le troisiĂšme droit en question est le droit c, droit dâĂȘtre aidĂ© pour se tuer ou droit dâĂȘtre tuĂ© si lâon ne peut le faire seul, câest-Ă -dire un droit au suicide assistĂ© ou Ă lâeuthanasie, active directe, par injection mortelle, par exemple. Nous employons le terme euthanasie dans le sens actuel [12] des textes qui la citent cf. note 4 et qui nous semble le seul pertinent et susceptible dâĂ©viter un amalgame dĂ©lĂ©tĂšre [13] qui rend impossible toute rĂ©flexion cohĂ©rente sur le droit de mourir. Que faire de ce droit ? Faut-il lâintĂ©grer au droit de mourir [14] ? LâOBSERVATION DES FAITS22Tout dâabord, observons ce que les faits montrent, quoique les faits ne soient pas en eux-mĂȘmes normatifs Le droit c est invoquĂ© ou utilisĂ© quand les droits a et b ne sont pas respectĂ©s quand il y a rĂ©volte â plus que lĂ©gitime â devant la souffrance non traitĂ©e, les douleurs atroces non calmĂ©es, et devant lâacharnement thĂ©rapeutique, la transformation dâun ĂȘtre humain en objet de techniques futiles », hors de tout espoir et de tout sens. Ceci apparaĂźt sans conteste dans lâanalyse des courriers dâadhĂ©sion de lâADMD [15]. De nombreuses personnes qui adhĂšrent Ă cette association, 28000 actuellement en France, ont vu mourir un de leurs proches dans des circonstances affreuses; lâanalyse du devenir des demandes dâeuthanasie dans les USP [16] Les demandes, qui pouvaient ĂȘtre formulĂ©es dans les premiers jours sâestompent, disparaissent. La plupart sont des appels; appels au traitement de la douleur, de la souffrance, des inconforts insupportables et humiliants, appel Ă lâĂ©coute de la parole, Ă la reconnaissance du statut de mourant, Ă la sollicitude, Ă lâempathie, etc.; la lecture des rĂ©sultats de la mise en Ćuvre de la dĂ©pĂ©nalisation de lâeuthanasie aux Pays-Bas. Les Pays-Bas sont le seul pays qui a, actuellement, lĂ©galisĂ© lâeuthanasie et le suicide assistĂ©, le 10 avril 2001, aprĂšs la dĂ©pĂ©nalisation par diffĂ©rentes dispositions jurisprudentielles en 1993 et lĂ©gales en 1994 [17]. Les enquĂȘtes de Van der Maas et 1990 et 1995 sur Les pratiques mĂ©dicales relatives Ă des malades en fin de vie montrent quâen 1995, sur lâensemble des dĂ©cĂšs, il y a eu 3200 euthanasies 2,4% des dĂ©cĂšs et 400 suicides assistĂ©s 0,3%; mais, des injections mortelles sans demande ont Ă©tĂ© pratiquĂ©es 900 cas 0,7%; de mĂȘme que des analgĂ©sies intentionnellement faites pour abrĂ©ger la vie 2000 cas 1350 en 1990, dont 500 sans demande, ainsi que des limitations ou arrĂȘts de traitement intentionnellement pour abrĂ©ger la vie, dont 14200 cas sans demande 2670 en 1990. De plus, 97% des arrĂȘts sans demande se font sans consultation dâun tiers, et, en 1995, seulement 41% des euthanasies et suicides assistĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©s au mĂ©decin lĂ©giste municipal, pour sâĂ©pargner, ainsi quâaux familles, lâenquĂȘte judiciaire il apparaĂźt clairement que la loi ne supprime pas la clandestinitĂ©. 23Finalement, on glisse » de lâeuthanasie concernĂ©e par la loi â sur demande rĂ©itĂ©rĂ©e, expresse, attestĂ©e, du patient â a des gestes euthanasiques sans demande, illĂ©gaux. Les auteurs de lâenquĂȘte comparative concluront que lâeuthanasie est pratiquĂ©e comme un substitut des soins palliatifs » trĂšs insuffisamment dĂ©veloppĂ©s [18]. AU NIVEAU DES PRINCIPES24Si lâon rĂ©flĂ©chit au niveau des principes, peut-on lĂ©gitimement intĂ©grer le droit Ă lâeuthanasie et au suicide assistĂ© dans le droit de mourir ? 25Rappelons que le 25 juin 1999, le Conseil de lâEurope dans sa Recommandation n° 1418 Protection des droits de lâhomme et de la dignitĂ© des malades incurables et des mourants prend position trĂšs clairement C Interdiction absolue de mettre intentionnellement fin Ă la vie ». Un mĂ©decin â ou toute autre personne â ne peut, en aucun cas, rĂ©pondre Ă la demande dâun patient qui demanderait quâon lâaide Ă se tuer suicide assistĂ© ou qui demanderait quâon le tue euthanasie. 26Le problĂšme du suicide assistĂ© et de lâeuthanasie se pose dans les dĂ©mocraties occidentales qui ont dĂ©pĂ©nalisĂ© le suicide. Si le suicide nâest pas pĂ©nalisĂ©, si lâon reconnaĂźt au citoyen la libertĂ© de se suicider, lâEtat nây opposant ni entrave ni condamnation, quâen est-il de cette libertĂ© de se suicider lorsque les patients ne peuvent plus faire les gestes nĂ©cessaires ? ConsidĂ©rons la rĂ©flexion dans les pays dâAmĂ©rique du Nord, trĂšs attachĂ©s Ă la dĂ©fense des libertĂ©s individuelles. 27? Les Etats-Unis accordent une valeur prioritaire Ă la libertĂ© des individus et Ă la protection de leurs droits et le 25 juin 1990 la Cour SuprĂȘme nord-amĂ©ricaine a reconnu le droit Ă lâautodĂ©termination en matiĂšre mĂ©dicale â Patient Self-Determination Act, promulguĂ© en dĂ©cembre 1991 â qui autorise les directives prĂ©visionnelles et la reprĂ©sentation par un mandataire choisi, contre tout acharnement thĂ©rapeutique. Dans la suite de ce principe dâautodĂ©termination, sâest ouvert un dĂ©bat supplĂ©mentaire puisque chacun est libre de disposer de sa vie, voire de se suicider, il y aurait inĂ©galitĂ© entre les citoyens si certains dâentre eux ne pouvaient â Ă cause de leur Ă©tat physique â exercer leur libertĂ© de se tuer il faudrait reconnaĂźtre un droit au suicide, avec lâaide dâun tiers si câest nĂ©cessaire. 28Mais, mĂȘme lâautonomie au sens fort de lâhabeas corpus anglosaxon nâest pas sans limite eu Ă©gard au suicide assistĂ© et Ă lâeuthanasie que les souhaits dâune personne nâentravent pas autrui ne suffit pas Ă fonder la justification ou lâobligation de les respecter, mĂȘme au nom du principe dâautonomie. Un souhait qui nâentrave pas autrui peut cependant lâimpliquer, soit individuellement un tiers est concernĂ© soit collectivement un groupe ou la collectivitĂ© est concernĂ©e. En effet, lâeuthanasie active Ă la demande du patient ou le suicide assistĂ©, sâils nâentravent » pas autrui, du moins lâengagent-ils et mettent-ils en conflit plusieurs intĂ©rĂȘts la libertĂ© du patient, lâintĂ©gritĂ© morale mais aussi la vie Ă©motionnelle et affective du mĂ©decin qui provoque la mort intentionnellement et la pratique mĂ©dicale pour tous les autres mĂ©decins et pour tous les autres patients du mĂȘme groupe social. Câest ce qui a conduit la Cour SuprĂȘme des par deux dĂ©cisions du 26 juillet 1997 Vacco v. Quill et Washington v. GlĂŒcksberg, Ă lâunanimitĂ© des neuf juges, Ă refuser de reconnaĂźtre un droit constitutionnel Ă lâaide au suicide par un mĂ©decin [19]. Nâimporte qui a le droit de refuser un traitement » mĂȘme vital, selon un droit fondamental de Common law, antĂ©rieur mĂȘme Ă la Constitution, mais la distinction entre laisser un patient mourir et le faire mourir est importante » Ă©crit un membre du Conseil dâEtat français, commentant ces dĂ©cisions [20], [21]. 29Il y a une libertĂ© de se suicider, pas un droit Ă le faire. Des Etats â ce sera le cas de lâOregon [22] â peuvent dĂ©cider de ne pas poursuivre un mĂ©decin qui pratiquerait le suicide assistĂ© pas lâeuthanasie par injection mortelle mais un patient ne peut revendiquer un droit Ă lâaide au suicide. La libertĂ© du suicide pour lâindividu, droit nĂ©gatif lâEtat nâentrave ni ne poursuit lâaction ne se convertit pas en droit au suicide, droit positif lâEtat permettrait la rĂ©alisation du droit, ici par lâaide au suicide par un tiers. Cette impossibilitĂ© de passer dâun droit de » Ă un droit à » incite Ă la rĂ©flexion sur la valeur morale reconnue Ă la libertĂ© de se suicider. Le suicide est-il une libertĂ© fondamentale ou est-il simplement tolĂ©rĂ© parce que lâon ne voit guĂšre comment lâempĂȘcher ou le poursuivre ? En France, par exemple, lâincitation au suicide est interdite [23] â or, il est rare que lâon interdise lâincitation Ă lâexercice dâune liberté⊠â et les personnes qui font des tentatives de suicide sont prises en charge comme des patients, rĂ©animĂ©es et soignĂ©es dans lâurgence, sans que leurs sauveteurs puissent ĂȘtre poursuivis pour le prĂ©judice de les avoir maintenues en vie en entravant lâexercice de leur libertĂ©. 30? La Cour SuprĂȘme canadienne, en 1993, dans lâaffaire Sue Rodriguez, a privilĂ©giĂ© lâintĂ©rĂȘt de lâEtat Ă la protection de la vie » comme valeur fondamentale de la sociĂ©tĂ© » pour justifier lâinterdiction, sans exception, de lâaide mĂ©dicale au suicide; elle a refusĂ© de dĂ©clarer anticonstitutionnelles, câest-Ă -dire contraires Ă la Charte des droits et libertĂ©s, les dispositions du Code criminel qui interdisent lâaide au suicide, mĂȘme si le suicide nâest pas un crime. En juin 1995, le comitĂ© canadien sĂ©natorial spĂ©cial dans un rapport, De la vie et de la mort [24], recommande la levĂ©e des ambiguĂŻtĂ©s du Code criminel pour permettre lĂ©gitimement lâutilisation des sĂ©dations fortes, le respect des refus de traitement, des directives prĂ©visionnelles, la lĂ©gitimitĂ© des limitations et arrĂȘts de traitement vitaux, mais il maintient, Ă la majoritĂ©, les arguments contre lâeuthanasie lâinterdit de tuer est le fondement de la sociĂ©tĂ©; il y a un danger de pente glissante » comme le montre lâexpĂ©rience hollandaise; la mission de la mĂ©decine est de soigner. AU NIVEAU DES CONSĂQUENCES31Si nous rĂ©flĂ©chissons non pas dĂ©ontologiquement, au niveau des principes, mais de façon consĂ©quentialiste, tĂ©lĂ©ologiquement [25], demandons-nous quelles pourraient ĂȘtre les consĂ©quences de lâintĂ©gration dâun droit au suicide assistĂ© et Ă lâeuthanasie dans le droit de mourir. Le droit de mourir conçu comme un droit aux soins palliatifs et, Ă©ventuellement, au refus de traitement, permet de prĂ©server la rĂ©ciprocitĂ© de la relation mĂ©decin/patient, de maintenir le sens de lâexercice mĂ©dical et de prĂ©server lâĂ©quilibre social. Serait-ce le cas pour un droit au suicide assistĂ© et Ă lâeuthanasie ? 32 ? La rĂ©ciprocitĂ© des droits et des devoirs Si le droit de mourir est le droit aux soins palliatifs et le droit de refuser des traitements, alors, la rĂ©ciprocitĂ© des droits et des devoirs des agents moraux engagĂ©s par lâaction est assurĂ©e. 33En effet, le droit de refuser un traitement droit du patient rencontre lâobligation rĂ©ciproque de respecter la libertĂ© du patient devoir du soignant. 34Et le droit aux soins palliatifs droit du patient rencontre lâobligation de soigner, dâassurer la continuitĂ© des soins, et le principe dâaction proportionnĂ©e devoir du soignant. 35Les grandes obligations morales fondatrices de la pratique mĂ©dicale sont, Ă la fois, respectĂ©es et appelĂ©es par les droits des patients. 36Mais si lâon admet que le droit de mourir comprend un droit dâĂȘtre tuĂ© ou dâĂȘtre aidĂ© pour se suicider comment penser le devoir rĂ©ciproque des mĂ©decins ? Comment penser leur obligation ? Comment pourrait jouer ici une vraie rĂ©ciprocitĂ© des droits et des devoirs des uns et des autres ? Comment la penser ? 37? LâintĂ©gritĂ© morale des soignants, mais aussi leur intĂ©gritĂ© psychologique, affective et professionnelle, risque dâĂȘtre atteinte si les soignants sont tantĂŽt ceux qui prĂ©servent la vie, tantĂŽt ceux qui donnent la mort. Il convient dâinterroger cette schizophrĂ©nie » morale et personnelle Ă laquelle les exposerait une reconnaissance dâun droit au suicide assistĂ© ou Ă lâeuthanasie. 38? LâĂ©quilibre social dĂ©mocratique rĂ©publicain risque dâĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement mis en cause. En effet, selon le principe politique de justice, demandons-nous quelles seraient les consĂ©quences dâun droit au suicide assistĂ© ou Ă lâeuthanasie pour les plus mal lotis », les faibles. Quels en seraient les effets sur les personnes ĂągĂ©es dĂ©pendantes, sur ceux qui comprennent mal le français et le parlent plus mal encore, sur tous ceux qui sont Ă©crasĂ©s prĂ©cisĂ©ment par la maladie, la solitude, lâĂ©puisement, la peur de la mort, sur les paumĂ©s » de toute sorte ruinĂ©s par la misĂšre sociale et morale, sur les SDF⊠? 39Au contraire, le droit de mourir entendu au sens des droits a et b prĂ©serve tous les citoyens et, en particulier, les plus vulnĂ©rables et exposĂ©s dâentre eux ils savent quâun soignant ne leur donnera jamais la mort, mais ils savent aussi quâil fera tout pour soulager la souffrance, les douleurs, la dĂ©tresse de lâagonie, et quâil ne fera pas dâacharnement thĂ©rapeutique. Celui qui entre en blouse blanche dans la chambre est du cĂŽtĂ© de la vie, et de ce seul cĂŽtĂ©. Ainsi, des personnes ĂągĂ©es hollandaises commencent-elles Ă porter sur elles une DĂ©claration de volontĂ© de vivre, calquĂ©e sur le document de lâADMD, qui commence ainsi Le soussignĂ© manifeste quâil ne dĂ©sire pas quâon lui applique lâeuthanasie » [26]. Le droit de mourir dĂ©fini comme un droit dâĂȘtre aidĂ© pour se tuer ou comme un droit dâĂȘtre tuĂ© pourrait dĂ©river vers un devoir de mourir fondĂ© sur une citoyennetĂ© lĂ©tale » [27]. LE DROIT A LâINFORMATION SUR SA MORT40Si lâon peut proposer un troisiĂšme droit pour complĂ©ter le bloc » du droit de mourir constituĂ© des droits a et b [28], nous pencherions pour un droit Ă lâinformation et Ă la parole sur sa propre mort. 41Il semble quâil existe un lien Ă©vident entre le droit de mourir et le droit Ă lâinformation sur sa mort. NĂCESSITĂ LĂGALE42Il y a dâabord une nĂ©cessitĂ© lĂ©gale Ă intĂ©grer lâinformation au droit de mourir. Il nây a pas de traitement sans information du patient. Cette obligation dĂ©ontologique, fondĂ©e sur le respect de la personne, sâimpose aux mĂ©decins, en France, depuis 1942. Les patients Ă qui sont proposĂ©s des soins palliatifs doivent recevoir lâinformation corrĂ©lative Ă ces soins. Nombreux sont les auteurs qui ont travaillĂ© sur cette place centrale de lâinformation â avec tous ses effets â pour les patients en soins palliatifs, ils savent » [29]. 43Dâautre part, et corrĂ©lativement, il ne peut pas y avoir de refus Ă©clairĂ© et libre sans information ici il sâagit donc de lâinformation sur la mort, sa proximitĂ©, son risque de survenue, sa forme prĂ©visible, les moyens de soulagement de ses symptĂŽmes⊠Ceci doit nous conduire Ă nous interroger sur lâarticle 35 du Code de dĂ©ontologie mĂ©dicale qui autorise un mĂ©decin Ă tenir dans lâignorance dâun diagnostic ou dâun pronostic graves ». NĂCESSITĂ POLITICO-MORALE »44Mais au-delĂ de cette nĂ©cessitĂ© lĂ©gale, il semble quâil y ait une nĂ©cessitĂ© politico-morale » le droit de mourir est le droit de sâapproprier sa mort, de connaĂźtre les Ă©vĂšnements de son existence, de ne pas mourir dans la conspiration du silence, victime du jeu de la comĂ©die » [30], victime de cet horrible et humiliant mensonge de tous autour de celui qui sent quâil est en train de mourir, si bien mis en scĂšne par TolstoĂŻ dans son roman La mort dâIvan Illitch ». LE DROIT DE MOURIR COMME DROIT DE SE RĂAPPROPRIER SA MORT45Le droit de mourir ainsi conçu, nous permettrait peut-ĂȘtre de vivre â la formule nâest pas si paradoxale, car le mourir et la mort sont une dimension essentielle de lâexistence humaine - une nouvelle forme de mort. Lâhistorien Philippe AriĂšs [31], dans ses travaux magistraux sur la mort en Occident, distingue quatre formes de mort dans notre histoire la mort apprivoisĂ©e » du Haut Moyen-Age IXe / mi-XIVe siĂšcles, la mort de soi » XIVe -XVIIe siĂšcles aprĂšs la peste noire, la mort de toi » XVIIIe -XIXe siĂšcles, enfin, la mort inversĂ©e », la mort occulte XXe siĂšcle pourrions-nous imaginer â selon la suggestion de lâhistorienne de la mĂ©decine A. Debru poursuivant cette analyse â que le XXIe siĂšcle sera celui de la mort rĂ©appropriĂ©e » [32] ? 46Le droit de mourir sâinscrit â comme toute revendication dâun droit â dans la lutte contre lâexclusion, la discrimination, lâabandon. 47Nous rĂ©sumerions en disant quâil est peut-ĂȘtre le droit pour toute personne en fin de vie dâĂȘtre un mourant au milieu des vivants. Chaque mot de cette dĂ©finition est porteur de sens. 48 Etre » un mourant câest dâabord ĂȘtre rĂ©ellement, pouvoir se sentir exister, ne pas ĂȘtre Ă©crasĂ©, annihilĂ©, anĂ©anti par la douleur, la souffrance et la peur, par la solitude et le rejet. 49Etre un mourant » cela signifie que le processus du mourir nâest pas empĂȘchĂ©, il nây a pas dâacharnement thĂ©rapeutique, Ă©ventuellement mĂȘme la personne peut refuser des traitements; il nây a pas non plus de mensonge, pas de comĂ©die, personne ne se permet de faire croire au mourant quâil ne va pas mourir. 50Etre un mourant au milieu des vivants » cela signifie que le mourant est entourĂ© et accompagnĂ© par tous les soignants, la famille et la sociĂ©tĂ© civile, qui est reprĂ©sentĂ©e par les bĂ©nĂ©voles, auxquels la loi relative Ă lâaccĂšs aux soins palliatifs reconnaĂźt une grande et juste place. 51Câest bien ce droit de mourir qui nous est proposĂ© par la loi du 9 juin 1999 [33]. Notes [1] DĂ©claration universelle des droits de lâhommede lâ de 1948, art. 3 Tout individu a droit Ă la vie, Ă la libertĂ© et Ă la sĂ»retĂ© de sa personne ». Convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de lâhommede novembre 1950, entrĂ©e en vigueur en 1953, 1er droit Ă©noncĂ© Ă lâart. 2 Le droit de toute personne Ă la vie est protĂ©gĂ© par la loi ». [2] France. DĂ©claration des droits de lâhomme et du citoyen de 1789, intĂ©grĂ©e au PrĂ©ambule de la Constitution de 1958, art 2 ⊠les droits naturels et imprescriptibles de lâhomme ». Les constitutionnalistes y intĂšgrent le droit Ă la vie; il est le premier des droits de lâhomme puisquâil est la condition de tous les autres. [3] Sarda F. Le droit de vivre et le droit de mourir, Paris, Seuil, 1975. âą Jonas H. Le droit de mourir. 1re Ă©d. 1978. Trad. P. Ivernel. Paris, Rivages poche, 1996; 95 p. âą Landa La mort un droit. Le Monde, 17 novembre 1979. âą Janicaud D. Du droit de mourir. Un droit controversĂ©. Paris, Droits, 1991 13; 67-74. âą Baudoin Blondeau D. Ethique de la mort et droit Ă la mort. Paris, 1993; 128 p. âą Collectif. Choisir sa mort ? De la sollicitude mĂ©dicale au droit individuel. Esprit, juin 1998 6; 5-36. âą Padis Sur un prĂ©tendu droit de faire mourir par humanitĂ©. Esprit, novembre 1998 6; 74-80. âą Pohier J. La mort opportune les droits des vivants sur la fin de leur vie. Paris, Seuil, 1998; 66 p. âą Legros B. Les droits » des malades en fin de vie. Bordeaux, Les Etudes HospitaliĂšres/ThĂšses, 1999; 507 p. [4] ComitĂ© Consultatif National dâEthique, CCNE Avis n° 63 de janvier 2000. Fin de vie, arrĂȘt de vie, euthanasie Lâeuthanasie est lâacte dâun tiers qui met dĂ©libĂ©rĂ©ment fin Ă la vie dâune personne dans lâintention de mettre un terme Ă une situation jugĂ©e insupportable ». âą Loi des Pays-Bas du 10 avril 2001 relative Ă lĂ©galisation de lâeuthanasie Lâeuthanasie est le fait dâabrĂ©ger intentionnellement la vie dâun patient sur la demande de celui-ci ». âą Verspieren P. Face Ă celui qui meurt. Euthanasie, acharnement thĂ©rapeutique, accompagnement. Paris, âą DesclĂ©e de Brouwer, 1984; 205 p. âą Aumonier N, Beignier B, Letellier P. Lâeuthanasie. Paris, PUF/Que sais-je ?, 2001; 126 p. âą La Marne P. Ethiques de la fin de vie acharnement thĂ©rapeutique, euthanasie, soins palliatifs. Paris, Ellipses, 1998; 128 p. [5] Moulin P. Les soins palliatifs en France un mouvement paradoxal de mĂ©dicalisation du mourir contemporain. Cahiers internationaux de Sociologie, vol. CVIII, 2000;125-159. [6] MinistĂšre des Affaires sociales et de lâEmploi/Direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ©. Circulaire relative Ă lâorganisation des soins et de lâaccompagnement des malades en phase terminale. BO n° 86/DGS/3D , dĂ©nommĂ©e Circulaire Laroque ». [7] Loi 95-116 portant diverses mesures dâordre social. JO 5 fĂ©vrier 1995. [8] Neuwirth L. Prendre en charge la douleur. Rapport n° 138, session 1994-5, prĂ©sentĂ© au SĂ©nat le 12 dĂ©cembre 1994. [9] MinistĂšre des Affaires sociales, de la SantĂ© et de la Ville. Circulaire DGS/DH n° 95-22 du 6 mai 1995 relative aux droits des patients hospitalisĂ©s et comportant une charte du patient hospitalisĂ©. BO min. des Affaires sociales, de la SantĂ© et de la Ville n° 95-21. [10] Code de dĂ©ontologie mĂ©dicaledu 6 septembre 1995, art. 36 Lorsque le malade en Ă©tat dâexprimer sa volontĂ©, refuse les investigations ou le traitement proposĂ©s, le mĂ©decin doit respecter ce refus aprĂšs avoir informĂ© le malade de ses consĂ©quences ». [11] Code de dĂ©ontologie mĂ©dicaledu 6 septembre 1995, art 37 En toutes circonstances le mĂ©decin doit sâefforcer de soulager les souffrances de son malade, lâassister moralement et Ă©viter toute obstination dĂ©raisonnable »; art 40 Le mĂ©decin doit sâinterdire de faire courir au patient un risque injustifiĂ© ». Autrement dit, le mĂ©decin est soumis au principe de proportionnalitĂ© un acte dont les malĂ©fices lâemporteraient sur les bĂ©nĂ©fices est condamnable. La limitation ou lâarrĂȘt de traitements vitaux devenus disproportionnĂ©s, futiles » au sens anglo-saxon du terme, est le symĂ©trique pour les mĂ©decins du droit aux soins palliatifs et au refus de traitement pour le patient, mais ce nâest pas lâobjet de notre rĂ©flexion ici qui est centrĂ©e sur les droits des patients. [12] De mort paisible elle est devenue mort devancĂ©e »Dunet-Larousse E. Lâeuthanasie signification et qualification au regard du droit pĂ©nal. R D sanit. soc. 34 2 avr./juin 1998; 265-83. [13] Lâaide au suicide est le fait de fournir au patient une substance mortelle quâil boira ou sâinjectera. Lâeuthanasie est le fait de provoquer dĂ©libĂ©rĂ©ment la mort du patient. Ce peut ĂȘtre activement directement en injectant une substance mortelle au patient ou activement indirectement en arrĂȘtant un traitement vitalou passivement en ne donnant pas un traitement vital nĂ©cessaire dans tous les cas, les dĂ©cisions sont prises volontairement pour provoquer la mort. Mais arrĂȘter ou ne pas entreprendre un traitement vital qui est devenu inutile pour le patient nâest pas une euthanasie la mort surviendra probablement mais elle nâest ni provoquĂ©e, ni voulue; on ne fait pas dâacharnement thĂ©rapeutique, on laisse la mort naturelle advenir. Confondre les euthanasies et les arrĂȘts ou limitations de traitement en service de rĂ©animation ou sĂ©dations profondes dans les USP câest faire croire que les actes sont semblables puisque le patient meurt et que, donc, les premiĂšres sont lĂ©gitimes puisque les seconds le sont. Pourtant, la morale et le droit sont inconsistants si les actes ne sont jugĂ©s que sur leur rĂ©sultat; par exemple, lâhomicide volontaire avec prĂ©mĂ©ditation nâest pas le mĂȘme acte que lâhomicide involontaire par imprudence accident automobile, par exemple bien que le rĂ©sultat soit le mĂȘme la mort de la victime. [14] Schwarzenberg L., Viansson-PontĂ© P. Changer la mort, Paris, Albin Michel, 1983. âą Schwarzenberg L. Requiem pour la vie, Paris, Le PrĂ©-aux-Clercs, 1985. âą Jaccard R., Thevoz M, Manifeste pour une mort douce, Paris, Grasset-Fasquelle, 1992; 116 p. âą De Closets F. La derniĂšre libertĂ©. Paris, Fayard , 2001; 301 p. [15] Courtas R. Etude de quelques lettres adressĂ©es Ă lâADMD in Novaes S. BiomĂ©decine et devenir de la personne, Paris, Seuil, 1991; 314-44. âą Baschet C., Bataille J. dir. La mort Ă vivre. Autrement N° 87, sĂ©rie Mutations, fĂ©vrier 1987,220 p. [16] Verspieren P. La demande dâeuthanasie et ses significations. Laennec 45 1, octobre 1996; 5-8. âą Abiven M. Chardot C. Fresco R. Euthanasie. Alternatives et controverses. Paris, Presses de la Renaissance, 2000. âą Collectif. Fin de vie et pratiques soignantes. La Lettre de lâEspace Ethique AP-HP, n°9-10-11, automne-hiver 1999/2000; 123 p. [17] Etat des lieux en matiĂšre dâeuthanasie et de suicide assistĂ© Ă notre connaissance âą Aux Pays-Bas, en avril 1994, une loi, complĂ©tant des dispositions jurisprudentielles de dĂ©cembre 1993, dĂ©pĂ©nalise » lâeuthanasie par injection. Lâeuthanasie reste interdite sur le plan pĂ©nal 12 ans de prison mais chaque cas est jugĂ© a posteriori et non poursuivi si des critĂšres de minutie sont respectĂ©s. En juin 1994, la Cour SuprĂȘme confirme la relaxe pour les aides au suicide. Le 10 avril 2001 est votĂ©e la loi sur le contrĂŽle de lâinterruption de la vie sur demande et de lâaide au suicide par des mĂ©decins uniquement. Lâeuthanasie est un crime avec excuse absolutoire, la loi prĂ©voit un cas justificatif. Le mĂ©decin peut prescrire ou injecter au patient un produit lĂ©tal si les sept critĂšres de minutie sont respectĂ©s demande volontaire et rĂ©flĂ©chie, souffrance incurable et insupportable, information du patient, absence dâune autre solution, consulter un confrĂšre qui valide par Ă©crit les quatre premiers critĂšres, mise en Ćuvre avec minutie, dĂ©claration a posteriori aux commissions de contrĂŽle et non plus au Procureur de la Reine comme en 1994. âą En Australie, en 1995, dans le Territoire du Nord une loi autorise le suicide assistĂ©; entrĂ©e en vigueur en juillet 1996, la loi est abrogĂ©e par une loi fĂ©dĂ©rale le 27 mars patients mourront ainsi avant lâabrogation. âą Aux dans lâEtat dâOregon, la loi du 27 octobre 1997 votĂ©e Ă 60% autorise le suicide assistĂ©. LâespĂ©rance de vie doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă six mois, trois demandes sont nĂ©cessaires, le suivi de la douleur est obligatoire. En 1998, sur 23 prescriptions de substance mortelle 15 ont Ă©tĂ© suivies du dĂ©cĂšs, en 1999,26 sur 33, les autres patients sont morts naturellement ou sont encore vivants, selon deux articles de fĂ©vrier 1999 et fĂ©vrier 2000 dans le New Eng J of Med, 340 7 18 fev. 1999; 577-83 et 342 8 24 fev. 2000; 598-604. âą En Belgique, le 25 octobre 2001, le SĂ©nat belge a votĂ© la dĂ©pĂ©nalisation du suicide assistĂ©, sur une proposition de loi, votĂ©e par la Commissions sociale et de la justice en mars 2001; le vote de lâAssemblĂ©e est attendu. [18] Jochemsen H., Euthanasie. Leçons des Pays-Bas la rĂ©gulation est-elle opĂ©rante ?Laennec, 486, 2000; 4-9. En 1999, il y avait 29 unitĂ©s de tous Ă©tablissements confondus, aux Pays-Bas. Janssens R. et and euthanasia in the Netherlands an ethical point of view. J of Medical Ethics, 1999 25; 408. Il y a peu de dĂ©cĂšs Ă lâhĂŽpital aux Pays-Bas lâon naĂźt et lâon meurt Ă domicile. [19] La loi publique n° 105-12 du 30 avril 1997 portant Ă©claircissements relatifs Ă la loi fĂ©dĂ©rale en ce qui concerne la limitation de lâutilisation de crĂ©dits fĂ©dĂ©raux en faveur de lâaide au suicide, interdit lâutilisation de crĂ©dits fĂ©dĂ©raux pour le paiement dâarticles et de services ayant pour objet de causer ou de contribuer Ă causer le suicide, lâeuthanasie active ou lâeuthanasie passive dâun quelconque individu ». US Code Congressional/Administrative News, juin 1997 4; 23-57, 1999 n° 50; 77-8. [20] Conseil dâEtat, Rapport public de 1998. RĂ©flexions sur le droit de la santĂ©. Paris, Documentation française/Etudes & documents n° 49,1998; 379-87. Rappelons que le CCNE dans son Avis n° 63 Fin de vie , arrĂȘt de vie, euthanasie - dans lequel il propose une procĂ©dure juridique dâ exception dâeuthanasie » - renonce Ă considĂ©rer comme un droit dont on pourrait se prĂ©valoir la possibilitĂ© dâexiger dâun tiers quâil mette fin Ă sa vie ». DâoĂč la construction de lâidĂ©e dâengagement solidaire » comme justification de lâexamen par une commission pĂ©nale spĂ©ciale interdisciplinaire des mobiles de celui qui aurait rĂ©alisĂ© une euthanasie compassionnelle. [21] Smadja D., Ronald Dworkin, prendre les droits au sĂ©rieux et interroger le droit individuel au suicide mĂ©dicalement assistĂ©. Espace Ă©thique â la Lettre, Ă©tĂ© 2000 12-13-14 14-7. [22] En 1992, un projet de loi dâeuthanasie a Ă©tĂ© rejetĂ© par referendum en Californie. En 1998, le Michigan sâest dotĂ© dâune loi contre lâassistance au suicide, qui permettra finalement, en 1999, la condamnation du fameux Dr Kervokian - vedette mĂ©diatique du suicide assistĂ© quâil pratique depuis le 4 juin 1990 - Ă des peines de 10 Ă 25 ans de prison, aprĂšs plusieurs non-lieux. [23] Lâincrimination du suicide a Ă©tĂ© abolie en France en 1791. Il nây a pas pour autant un droit au suicide. La loi 87-1133 du 31 dĂ©cembre 1987 tendant Ă rĂ©primer la provocation au suicide, incrimine la provocation au suicide; elle est reprise dans lâart. 223-13 Ă 15 du nouveau Code pĂ©nal. [24] Coll. DĂ©pĂ©naliser lâeuthanasie ?Ethica clinica, Namur, n° 8, dĂ©cembre 1997; 46 p. [25] Rameix S. Fondements philosophiques de lâĂ©thique mĂ©dicale. Paris, Ellipses, 1996; 156 p. [26] Feningsen R. Dutch euthanasia revisited. Issues in Law, 13 3 Winter 1997; 301-11. [27] Le poids financier de lâĂąge et le problĂšme des retraites entraĂźneraient une harmonisation des finances publiques » et des dĂ©sirs privĂ©s de mort ». Hocquard A. Lâeuthanasie volontaire. Paris, PUF / Perspectives critiques, 1999. âą Legros B. Sur lâopportunitĂ© dâinstaurer une exception dâeuthanasie en droit français. MĂ©d et Droit46 jan-fĂ©v 2001; 7-16. [28] Baudoin JL, Blondeau D. Ethique de la mort et droit Ă la mort. Paris, PUF, 1993; 128 p. âą Legros B. Les droits » des malades en fin de vie. Bordeaux, Les Etudes HospitaliĂšres, 1999; 507 p thĂšse soutenue en 1997. [29] Baschet C, Bataille J. dir. La mort Ă vivre. AutrementN° 87, sĂ©rie Mutations, fĂ©vrier 1987, 220 p. âą KĂŒbler-Ross E. Les derniers instants de la vie. New-York, Macmillan, 1969. Trad Juber C., de Peyer E, GenĂšve, Labor et fides, 1975,279 p. âą KĂŒbler-Ross E. Vivre avec la mort et les mourants. New-York, MacMillan, 1981. Trad. Monjardet R., GenĂšve, Ă©d du Tricorne, 1984,208 p. âą De Hennezel M. La mort intime. Ceux qui vont mourir nous apprennent Ă vivre. Paris, Laffont, 231 p. [30] Malherbe. Pour une Ă©thique de la mĂ©decine. Paris, Larousse, 1987; 233. CitĂ© par Baudoin et Blondeau 1993. [31] Aries P. Histoire de la mort en Occident. Paris, Seuil, 1975. [32] Debru A. A la recherche dâune bonne mort faut-il relire Philippe AriĂšs ?Cahiers du CCNE, juillet 2000 24; 14-17. [33] EvĂšnements significatifs depuis la publication de cet article âą 22 mars 2002 au Royaume-Uni, la Chambre des Lords - qui siĂšge en Cour SuprĂȘme - autorise lâarrĂȘt de la ventilation artificielle demandĂ© par Miss B. atteinte de maladie neuro-dĂ©gĂ©nĂ©rative. âą 29 avril 2002 la Cour EuropĂ©enne des Droits de lâHomme, Ă lâunanimitĂ© des 7 juges, dĂ©clare non contraire Ă la Convention europĂ©enne des Droits de lâHomme la non reconnaissance dâun droit Ă lâaide au suicide par la loi britannique, dans lâaffaire D. Pretty contre Royaume-Uni atteinte de SLA en phase terminale, cette patiente de 43 ans souhaitait que son mari lâaide Ă se suicider. Le 29 novembre 2001 la Chambre des Lords â qui siĂ©geait en Cour SuprĂȘme â avait dĂ©jĂ dĂ©boutĂ© D. Pretty en dĂ©clarant que la loi britannique de 1961, qui dĂ©pĂ©nalise le suicide mais interdit lâaide au suicide, nâĂ©tait pas contraire aux Droits de lâHomme. âą 4 mars 2002 en France, loi sur les droits des malades et la qualitĂ© du systĂšme de santĂ©. Art. L. 1111-4 ⊠Le mĂ©decin doit respecter la volontĂ© de la personne aprĂšs lâavoir informĂ©e des consĂ©quences de ses choix. Si la volontĂ© de la personne de refuser un ou dâinterrompre un traitement met sa vie en danger, le mĂ©decin doit tout mettre en Ćuvre pour la convaincre dâaccepter les soins indispensables. Aucun acte mĂ©dical ni aucun traitement ne peut ĂȘtre pratiquĂ© sans le consentement libre et Ă©clairĂ© de la personne et ce consentement peut ĂȘtre retirĂ© Ă tout moment. » âą 16 mai 2002 en Belgique, loi de dĂ©pĂ©nalisation de lâeuthanasie. Le mĂ©decin fait a posteriori une dĂ©claration dâeuthanasie Ă la Commission fĂ©dĂ©rale de contrĂŽle et dâĂ©valuation; il nâest pas en infraction sâil a satisfait Ă une sĂ©rie dâobligations patient majeur, conscient, demande rĂ©pĂ©tĂ©e, impasse thĂ©rapeutique, souffrance constante et insupportable de maladie grave et incurable, deuxiĂšme avis mĂ©dical indĂ©pendant, dĂ©lai de un mois entre la demande Ă©crite et lâeuthanasie, ⊠⹠7 juin France2002 La SociĂ©tĂ© de RĂ©animation de Langue Française, SRLF, rend publiques ses Recommandations pour les limitations et arrĂȘts de thĂ©rapeutiques actives en rĂ©animation adulte. La SRLF propose une procĂ©dure trĂšs prĂ©cise de prise de dĂ©cision et de modalitĂ© dâaction pour garantir la moralitĂ© de ces gestes mĂ©dicaux, souvent nĂ©cessaires sous peine dâacharnement thĂ©rapeutique, dans une approche palliative des patients de rĂ©animation; elle rĂ©cuse toutes les injections mortelles, ce sont des euthanasies Les pĂ©diatres et les urgentistes publieront des recommandations similaires, respectivement en juin 2002 et en septembre 2003 âą 26 septembre2003 dĂ©cĂšs de V. Humbert, en rĂ©animation, Ă lâhĂŽpital de Berck sur Mer arrĂȘt de la ventilation artificielle et injections mortelles de Nesdonal et de chlorure de potassium aprĂšs une tentative dâeuthanasie par sa mĂšre injection de barbituriques le 24 septembre 2003, au sein mĂȘme de lâhĂŽpital. V. Humbert Ă©tait tĂ©traplĂ©gique et quasi-aveugle depuis un accident, le 24 septembre 2000. Publication, le 25 septembre 2003, de Humbert V., Veille F. Je vous demande le droit de mourir. Paris, Lafon, 2003. Affaire trĂšs mĂ©diatisĂ©e publication dâune Lettre au PrĂ©sident de la RĂ©publique de V. Humbert, dĂ©clarations publiques de M. Humbert sur ses intentions, pressions sur les mĂ©decins, publication du livre le lendemain mĂȘme de la tentative dâeuthanasie par âŠ. âą 8 octobre 2003 en France, nomination de la Mission parlementaire dâinformation sur Lâaccompagnement de la fin de vie. âą 15 octobre 2003 lâinfirmiĂšre, MalĂšvre, est condamnĂ©e par la Cour dâassises dâappel de Paris Ă douze ans de rĂ©clusion criminelle, soit deux ans de plus que devant la Cour dâassises de Versailles, le 31 janvier2003; reconnue coupable de six assassinats, MalĂšvre est interdite Ă vie dâexercice de la profession dâinfirmiĂšre. âą 16 octobre 2003 M. de Hennezel remet au ministre de la SantĂ© son rapport, Fin de vie et accompagnement. Outre des propositions pour dĂ©velopper les soins palliatifs et lâaccompagnement, elle y distingue trĂšs clairement les limitations et arrĂȘts de traitements de lâeuthanasie et du suicide assistĂ© et suggĂšre que soient reconnues â et diffusĂ©es auprĂšs des juridictions, par des instructions de politique pĂ©nale â les Recommandations de la SRLF. âą 24 octobre 2003 le procureur de Boulogne-sur-Mer ouvre une information judiciaire contre Marie Humbert pour administration de substances toxiques commise avec prĂ©mĂ©ditation sur personne vulnĂ©rable »passible de 5 ans de prison, et contre le Dr Chaussoy pour des faits de nature criminelle qualifiĂ©s dâempoisonnement avec prĂ©mĂ©ditation » passibles de rĂ©clusion criminelle Ă perpĂ©tuitĂ©.LaromanciĂšre Anne Bert, qui souffrait d'une maladie dĂ©gĂ©nĂ©rative incurable, s'est rendue en Belgique pour mourir dans la dignitĂ©, par Toutes les personnes confrontĂ©es aux situations de fin de vie mĂ©ritent une Ă©gale Ă©coute ».FIGAROVOX/TRIBUNE â En rĂ©ponse Ă une tribune de la prĂ©sidente de la SociĂ©tĂ© française dâaccompagnement et de soins palliatifs, publiĂ©e dans Le Figaro, le professeur Ă©mĂ©rite de mĂ©decine dĂ©fend une vision selon laquelle les soins palliatifs lâaide Ă mourir sont Touraine est professeur Ă©mĂ©rite de mĂ©decine et dĂ©putĂ© la Dr Claire Fourcade et douze de ses collĂšgues ont publiĂ© une tribune dans Le Figaro pour rappeler leur position sur les questions relatives Ă la fin de vie. Quâils soient rassurĂ©s ce nâest ni dans lâesprit du prĂ©sident de la RĂ©publique ni dans celui dâaucun organisateur de la prochaine convention citoyenne sur le sujet de se dispenser de leur importante expĂ©rience. Toutes les personnes confrontĂ©es aux situations de fin de vie, tous les organismes ayant approfondi cette rĂ©flexion Conseil Ă©conomique, social et environnemental, AssemblĂ©e nationale, ComitĂ© consultatif national dâĂ©thique, etc. ainsi que les diverses associations concernĂ©es mĂ©ritent une Ă©gale Ă©coute. Aucun ne peut Ă lui seul se prĂ©valoir dâune vĂ©ritĂ© absolue et universelle mais tous contribueront Ă la conclusion. Avec madame Fourcade, je suis sĂ»r que nous partageons la conviction que nous sommes, humblement, au service de nos malades. Que nous Ă©coutons nos malades bien davantage que de quelconques propos idĂ©ologiques. Que nous leur reconnaissons des droits, notamment celui de participer prioritairement au choix de leur destin, et que ces droits des malades ne sâarrĂȘtent pas lorsque surgit la phase agonique. Au XXe siĂšcle, le paternalisme mĂ©dical rĂ©solvait les situations difficiles» par des dĂ©cisions de mĂ©decins hospitaliers, prises parfois avec lâaccord des familles, rarement celui des personnes concernĂ©es. Lâadministration dâun cocktail lytique» assortiment de trois mĂ©dicaments Ă effet lĂ©tal abrĂ©geait les souffrances de certaines personnes en fin de vie. De telles pratiques sont heureusement devenues inacceptables et le choix du malade lui-mĂȘme devrait prĂ©valoir sur les autres professionnels des soins palliatifs doivent sâexprimer sur lâĂ©volution de leur rĂ©flexion. Ă la diffĂ©rence de ceux de nombre dâautres pays, ces spĂ©cialistes ont Ă©tĂ©, en France, orientĂ©s vers un refus systĂ©matique dâaide Ă mourir. Jean-Louis TouraineCâest ce que disent plus de 9 Français sur 10 dans les sondages effectuĂ©s depuis plus de 10 ans. Câest ce quâont votĂ© 83,5% des dĂ©putĂ©s le 8 avril 2021. Ce jour-lĂ , dans lâhĂ©micycle de lâAssemblĂ©e nationale a Ă©tĂ© reconnu le droit du malade au choix comme le droit des mĂ©decins et soignants Ă faire valoir leur clause de conscience, par le vote de lâarticle 1 de la proposition de loi donnant le droit Ă une fin de vie libre et choisie». Faute de temps, seul lâarticle 1 a pu ĂȘtre soumis au vote et il reste donc Ă complĂ©ter lâĂ©tude du texte des articles suivants puis Ă recueillir lâavis du SĂ©nat ou Ă solliciter la population française pour une dĂ©cision prise Ă la majoritĂ©. Les professionnels des soins palliatifs doivent sâexprimer sur lâĂ©volution de leur rĂ©flexion. Ă la diffĂ©rence de ceux de nombre dâautres pays, ces spĂ©cialistes ont Ă©tĂ©, en France, orientĂ©s vers un refus systĂ©matique dâaide Ă formulent aujourdâhui un point de vue plus tolĂ©rant, plus respectueux de la libertĂ© du malade mais ils doivent guider la sociĂ©tĂ© sur les prĂ©cautions, lâencadrement, la sagesse qui doit entourer une dĂ©cision aussi dĂ©licate. Ils doivent aussi contribuer Ă rĂ©sorber le dĂ©ficit majeur de prise en charge en soins palliatifs, malgrĂ© cinq plans successifs. Non, soins palliatifs et aide Ă mourir ne sont pas en opposition mais plutĂŽt en complĂ©mentaritĂ©. Ce qui donne un sens Ă la vie donne un sens Ă la mort» Ă©crivait Antoine de Saint-ExupĂ©ry. AmĂ©liorons la prise en charge de nos malades pour quâaprĂšs une vie Ă©panouie, ceux-ci ne soient pas incitĂ©s Ă se rĂ©signer au mal mourir français» mais quâils puissent sereinement choisir entre lâattente dâune mort naturelle» et lâaccompagnement vers une mort sans souffrance», une mort solidaire» plutĂŽt quâune mort solitaire».Source Le Figaro » â Jean-Louis Touraine â Conseil dâadministration .